Mais qu’est-ce qui me passe par la tête ???

J’observe le ballet incessant des suppositions, des émotions, des peurs, des questions sans réponse, des fausses questions (qui n’attendent pas de réponses ou 1 seule pré-décidée par celui qui la pose). C’est une danse infernale qui nourrit l’ouragan des pensées.

J’ai rencontré un voisin vivant un moment délicat dans sa vie : il est en deuil… je suis repartie avec des idées noires… mais qu’est ce qui me passe par la tête ?

J’ai écouté les infos, j’ai vu des drames, j’ai entendu une rumeur que je pensais vérité, une opinion que je pensais réalité… mais qu’est ce qui passe par ma tête ?

Puis-je seulement laisser passer plutôt que de tout garder et m’approprier le vécu d’un autre ?

Est-il possible de regarder passer ses pensées comme l’on regarderait un train qui passe ?

Peut-on retenir les saisons ? La vie ? Le temps ? Un moment ? Rien n’est jamais figé hormis les pensées quand on s’y accroche, en leur donnant de l’importance, en leur apportant sa confiance, sans jamais, au préalable, les remettre en question.

Je suis emportée par ce mental qui s’agite dans tous les sens

Surtout quand je ne choisis pas et laisse aux autres le pouvoir sur mes choix. Cela ressemble à un tourbillon qui me bouscule dans un sens puis dans un autre. Mes émotions virevoltent sans jamais me permettre de me poser, sollicitées par tant de stimulis extérieurs. J’en ressors exténuée et vaincue, mon énergie s’étant épuisée dans des pensées inutiles et donc énergivores. J’en viens à oublier que la paix réside dans l’œil du cyclone : au centre, dans mon centre.

Chacun observe le monde à travers les prismes de ses croyances, de son vécu ; quel que soit son « niveau » de culture ou du nombre d’informations que son cerveau a engrangé, le mental filtre toujours et interprète. Cela aboutit à des suppositions issues d’opinions, bien loin de vérités ou de réalités qui se voudraient universelles.

J’avais oublié que le mental filtre sans cesse (et heureusement d’ailleurs, sinon on serait bombardé d’informations) : je me rappelle la fois où j’ai cherché longtemps une « cafetière thermos » dans un magasin sans jamais la trouver, parce j’avais en tête l’image d’un thermos. Après avoir demandé à un vendeur, il me l’a montrée : j’étais passée devant X fois sans jamais la voir ; elle ne correspondait pas à l’idée que je m’en étais faite !

La peur me montre un monde de dangers à défendre : normal !

C’est ce qui la nourrit… La violence me montre un monde de batailles et de luttes incessantes. Normal, c’est ce qui la stimule. Mon état intérieur influence « l’ambiance » d’un vécu, ce que je retiens d’une scène, d’une parole, d’un acte…

Et si je passais mes pensées à travers les 3 passoires de Socrate avant qu’elles ne deviennent mes vérités, qu’elles ne m’entrainent de réactions en réactions : vérité, bonté et utilité*. Voilà qui devrait m’aider à faire le tri dans les pensées qui me passent par la tête, avant qu’elles ne deviennent mes propres pensées.

Et si je laissais tout simplement passer les pensées ? Qu’elles me traversent l’esprit et s’en aillent !

Et si ce qui passe par ma tête m’interpelle profondément, et bien… je peux toujours agir…

Texte Patricia Verneret

Formatrice, coach, conférencière


* Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse. Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dire:

– Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami? »

– Un instant, répondit Socrate, avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais te faire passer un test très rapide. Ce que tu as à me dire, l’as-tu fais passer par le test des trois passoires?

– Les trois passoires?

– Mais oui, reprit Socrate. Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, Il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est vrai?

– Non, pas vraiment. Je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire…

– Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Voyons maintenant. Essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ?

– Ah non ! Au contraire ! J’ai entendu dire que ton ami avait très mal agi.

– Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas sûr si elles sont vraies. Ce n’est pas très prometteur ! Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

– Utile ? Non pas réellement, je ne crois pas que ce soit utile…

– Alors, de conclure Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? Je ne veux rien savoir et, de ton côté, tu ferais mieux d’oublier tout cela !

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