Si je vous dis que nous semblons tous vivre dans le même monde mais qu’en réalité, ce n’est pas le cas… Ici, je n’évoque pas les différents niveaux de vie matériels ou intellectuels ni de genre !

Si je vous dis que notre réalité est directement impactée par la modélisation que nous en faisons…

Ça vous parle ?

C’est parti pour quelques éclairages. Avec une vigilance à garder : chacun.e d’entre nous a fait avec les possibilités qui étaient les nôtres à un instant T !

Définition-étymologie

Pour plus de clarté, voici le référentiel sur lequel je m’appuie.

Modélisation : système physique, mathématique ou logique représentant les structures essentielles d’une réalité et capable, à son niveau, d’en expliquer ou d’en reproduire dynamiquement le fonctionnement.

Réalité : du latin realitas « caractère de ce qui est réel »

Pourquoi je vous livre ce référentiel ? Et bien… parce que c’est le cœur du sujet !

Construction

Dès notre venue au monde, nous avons été des « éponges » de notre environnement. Education, mimétisme, apprentissages et expériences ont participé à la construction de nos personnalités en devenir.

Nous n’avons cessé de nous adapter à ce monde.

Par amour ou admiration, par affection ou rejet, nous avons tenté de ressembler ou dissembler aux plus grands que nous. La liberté d’expression que l’on nous a accordé, a stimulé ou étouffé bon nombre de nos différentes facettes.

Avec parfois un problème dans les fondations de la construction : confondre « adaptation » et « se conformer aux attentes des autres » de peur d’être rejété.e.

Mais nous avons trouvé les moyens de bien vivre avec nos constructions bancales…

Modélisation

Notre construction intérieure est devenue petit à petit un modèle d’existence qui a permis de grandir, de nous adapter à notre environnement. Un environnement dont nous dépendions totalement.

Il est un référent qui permet d’accepter ou de refuser certaines règles. De différencier ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas.

Alors, tout ce qui viendra le conforter sera totalement accepté. Tout ce qui viendra le déranger sera refusé en bloc. Parfois avec beaucoup d’émotions… tellement même, que la modélisation se renforcera encore ! Que ce soit en mode pour ou contre, le terrain de jeu reste le même.

Modéliser a permis de donner du sens aux expériences en s’appuyant sur la comparaison entre ce qui a été appris et un évènement vécu dans le présent.

Et nous grandissons encore.

Petit à petit, si nous n’avons pas appris à nous écouter en profondeur, la modélisation du monde qui nous entoure est alors confondue avec notre identité. Une identité qui trouve une justification à son existence dans un modèle de vie : comportements, réactions, imagination, etc. tout fonctionne à l’intérieur de ce monde. Notre modèle commence à se figer. A tel point qu’un autre modèle apportera de l’incompréhension totale.

Ce qui entre dans la logique de son modèle est la vérité. Ce qui n’entre pas, est mensonge ou illusion ou utopie.

Visions du monde

Et l’on confond sa réalité individuelle avec La réalité. Notre mental allant jusqu’à inventer des scénarios pour justifier et intégrer ce qui ne rentre pas dans sa logique. Ou préférant ignorer certaines informations perçues pour sauvegarder sa raison. Il sera de mauvaise foi !

Nous employons tous les mêmes mots mais nos expériences et notre modélisation ne leur donnent pas le même sens.

Nous vivons parfois dans un même environnement mais nous ne le traduisons pas de la même façon.

Nos émotions portent les mêmes noms mais nous ne les vivons pas de la même façon.

Nous avons parfois vécu une même scène mais nous l’intégrons-percevons à travers tous nos filtres et en fonction de ce qui est envisageable ou non. Nous n’en ressortons pas transformés pareillement.

Notre relation au monde et aux autres est directement impactée par l’ouverture d’esprit et compréhension d’autres modes de fonctionnements que les nôtres. Pas en étant d’accord ou contre :  tout simplement, en comprenant qu’un autre vécu, une autre enfance, d’autres perceptions d’un même évènement, mènent à voir et vivre le monde sous un certain angle.

Et cet angle est relatif.

Et après ?

Moins la modélisation aura été remise en question et plus envisager d’autres façons de ressentir, de réfléchir, de réagir sera difficile. Car tout ce qui n’entre pas dans le système est vécu comme une mise en danger. Une attaque personnelle !

La souffrance commence quand notre environnement intérieur ou extérieur pousse à changer. Elle vient quand on refuse le vivant de notre environnement intérieur et extérieur. « C’est la faute à » devient le leitmotiv !

Alors, l’être profond qui veut évoluer et passer à une autre étape, entre en conflit avec le modèle intérieur. Ce qui peut apporter procrastination, auto-sabotage, culpabilité, émotions fortes, résistances à mettre en route le changement nécessaire.

Notre épanouissement est saboté par notre système intérieur. Nous sommes fous ! Semblant préférer ce qui rend malheureux. Culpabilisant de ne pas parvenir à changer cet état d’être.

L’idée que notre regard sur la situation peut influer nos réactions… pfft ! Des conneries !

La bonne nouvelle : notre cerveau est plastique ! Les connexions neuronales peuvent évoluer ! Les croyances peuvent se détricoter et se retricoter. Nous ne sommes pas nos modélisations : elles sont nos constructions.

S’écouter en profondeur, dans son présent, pas après pas, aidera à faire évoluer son modèle.

Je termine mon propos avec une citation.

Je ne suis pas responsable de ce qu’on a fait de moi. Mais je suis responsable de ce que je fais de ce qu’on a fait de moi. 

Jean-Paul Sartre

Patricia Verneret
Coach de vie, formatrice, auteure