Le coach dans tous ses états !
Certaines missions de coaching sont« fluides » : tout se passe presque « idylliquement »! La personne accompagnée avance sans difficultés apparentes, comme poussée par des vents favorables vers son objectif. La mission se déroule avec quelques questions par-ci par là ou avec quelques outils révélateurs, mais sans heurts aucun.
Certaines missions, au-delà d’être comme un chemin escarpé avec de fortes montées épuisantes pour la personne accompagnée, mettent le coach en difficulté : elles viennent le remettre en question ; elles le poussent à se demander : suis-je fait pour ce métier ? Elles le sortent de tout ce à quoi sa formation l’a préparé ; son « expertise » et sa légitimité sont bousculées. Il/elle se retrouve démuni(e) et ou remis(e) en question, car sa réalité n’est pas conforme à l’image projetée de ses missions.
Rien ne remplacera une supervision où les difficultés de chacun peuvent être soumises aux questions d’un autre professionnel. Les éventuelles défaillances de posture, transferts ou autres pièges dans lesquels il est si facile de tomber, pourront être posés. Cet article est là pour rappeler les mouvements naturels de l’être humain derrière le coach.
Faisons un petit tour d’éventuels cas qui mettent le coach dans tous ses états ! Sortons de l’idéal d’une mission ou du développement d’une activité coaching, aussi stimulante soit-elle, pour faire un petit point sur quelques éléments déstabilisants qui vont venir perturber son équilibre.
« J’ai lancé mon activité de façon très dynamique : réseaux sociaux, ateliers, conférences, distribution de flyers, prescripteurs… et je peine à trouver des clients ! »
Se lancer dans une mission de coaching n’est pas anodin. Le changement, même s’il est fortement désiré, implique des deuils, une responsabilisation. Et, en plus, ni conseil ni assistanat ne seront possibles avec le coach ! Il peut donc se passer un long moment avant que la personne qui a gardé précieusement les coordonnées, ne saute le pas de la porte. On ne peut faire l’impasse sur ce temps-là ; il est indispensable et à respecter… Tiens, au fait, un coach qui s’installe, n’est-il pas lui-même en changement ? Des temps de maturation lui sont nécessaires entre l’idée et sa matérialisation… comme dans une mission de coaching ! Le temps de la manifestation n’est pas seulement une affaire de volonté. Voilà qui vient « titiller » l’impatience du coach…
« Mon client n’est pas venu à sa 2ème séance ; je n’ai plus de nouvelles »
Plusieurs possibilités/exemples :
- un élan pousse à appeler un coach, d’autres fois la personne a été fortement « encouragée » par son entourage. Un choix « poussé » est aussi peu fiable qu’un feu de paille et n’est pas de bon augure pour une suite.
- Un malentendu sur ce qu’est une mission de coaching peut également poser problème. On vient chercher des réponses de la part du coach, une direction, des solutions. Il y a eu erreur d’aiguillage.
- Ce n’est pas le « bon moment » ou encore la rencontre a eu « son effet » : pas celui projeté par le coach mais suffisant pour le client.
Si c’est un phénomène récurrent, il s’agira de s’interroger sur sa communication ou sa posture. Si non, voilà qui vient aussi « taquiner » l’intention du coach : est-il la solution ?
« 3 séances et nous n’avons toujours pas fixé l’objectif ! »
Déjà, j’ai envie de dire : nous ?
Fixer un objectif n’est pas anodin : le chercher, l’interroger, le bousculer permet de clarifier, de poser, de soupeser. Plusieurs séances ne sont pas une perte de temps. Elles« débroussaillent » les pensées de la personne accompagnée et la guident tout doucement vers une priorisation, vers un choix de direction ferme. Le temps mis à formuler clairement un objectif dépend de sa maturation avant la 1ère séance.
Parfois, il est clairement annoncé… et n’est que la pointe de l’iceberg ou le prétexte à entamer une mission. Voilà qui vient « interroger » le temps du coach : qualitatif ou quantitatif ?
« Mon client a souhaité mettre fin à la mission »
Quand un changement commence à s’opérer, on peut en constater les prémices (inconfort, besoin « d’autre chose », etc.), mais l’on sait rarement où il va mener ni combien de temps cela va prendre. Parfois même le chemin se fait en plusieurs étapes avec des arrêts nécessaires. Cela donne l’impression d’un retour en arrière alors qu’il s’agit d’un temps de digestion : chacun fait tout son possible dans un instant T. Certains éléments ont besoin de mûrir pour donner l’énergie de passer à l’étape suivante. Suivant les dynamiques et les vécus de chacun, on peut éprouver le besoin d’être accompagné sur tout le chemin ou pas ! Voilà qui vient « questionner » les besoins du coach : son client doit-il avoir besoin de lui ?
« Mon client s’est énervé : cela n’avance pas ! m’a-t-il dit ! »
Pour opérer un changement, des transformations intérieures sont nécessaires : on ne peut espérer un résultat différent en ne bougeant ni son regard ni son mode de fonctionnement ! Parfois, un client peut buter encore et encore par refus de lâcher : ce qui l’a construit (« mal ou bien ») est résistant et persistant. Une personne peut également tenter de jouer sa dynamique habituelle que la posture du coach neutre et bienveillant lui renvoie comme un miroir sans espoir de réactions habituelles. Voilà qui vient « refléter » la posture du coach : souhaite-il/elle un résultat ?
« Mon client na pas atteint son objectif »
Se rendre compte que son objectif n’est pas atteignable dans les circonstances présentes ou avec les moyens mobilisés, peut être libérateur ! La personne accompagnée va cesser de se « tendre » vers un but inatteignable et énergivore… et parfois atteindre son objectif une fois la mission terminée ! Voilà qui vient « exacerber » le « pouvoir » du coach : l’atteinte de l’objectif dépend-il de lui ou de son client ?
Tout ce qui vient interroger est un véritable apprentissage du coaching. Tout ce qui vient bousculer la posture oblige à la retravailler, à prendre du temps pour se recentrer, à éliminer et lâcher avec tout l’inutile de l’accompagnement.
Ce faisant, d’une pierre brute au sortir d’une formation, émerge une pierre polie par ce travail jusqu’à un lâcher prise qui enseigne l’humilité : ses peurs révélées dérangent son égo ; les voir et les « travailler » le remettent à sa juste place.
Cela tombe bien, le coach n’a aucune idée de ce qui est juste pour son client. Ce faisant, il lui offre tout l’espace nécessaire à l’éclosion du chemin qui sera le sien.
Ce faisant, son Humanité grandit en Sagesse et sa confiance en les capacités de l’autre et les siennes également…