Se dépasser

On voit souvent le dépassement à travers une notion de performance en version +++. Un résultat assez précis est attendu et anticipé comme le seul à atteindre.

Je ne dois pas m’écouter et je vais au-delà de mes forces existantes pour atteindre mon objectif. Comportement autant observé en sport, que dans le refus de se reposer ou de déléguer… alors même que le corps dit stop ! L’argument est imparable : ce n’est pas le moment.

Nous avons tous des exemples de dépassement de soi. D’ailleurs, ils sont proclamés avec fierté ! Comme si la lutte contre soi était une bonne chose, bien plus acceptable que l’écoute de soi.

S’écouter ???  Sous-entendu : ne pas faire d’efforts.

Luttes

Dans cette façon d’envisager, la notion de dépassement implique d’aller à l’encontre de résistances intérieures dont on refuse l’existence. Quelques exemples de résistances :

  • physiques : fatigue ou difficultés
  • émotionnelles : peurs ou tristesses
  • mentales : croyances ou traumatismes
  • spirituelles : conflits duels tels que bien et mal, perfection et imperfection
  • énergétiques : « mauvaises » énergies (« basses »)

Alors, on les vit en mode lutte contre un obstacle à « dépasser », un passage en force, dans un état de tensions intérieures insupportables. Tellement insupportables qu’il faut vite les évacuer !

Ce qui mène au bout d’un temps aux accidents physiques, aux pétages de plomb émotionnels, au burn-out (littéralement brûler), aux crises existentielles, au manque d’énergie. La culpabilité devient notre guide !

Déconnectés de nous-mêmes

Nous nous sommes tellement coupés de nos sensations et de nos émotions véritables, que nous sommes incapables de percevoir nos subtilités intérieures. Quelle est la différence entre ce qui est réellement vrai et vital, avec un problème d’égo égotique en souffrance. Qu’il s’agisse d’être « réellement fainéant » (selon quels critères ?) ou réellement à bout de souffle.

Car, quand on regarde de près, on s’aperçoit que l’on cherche à dépasser des limites posées initialement par notre mental et ses conditionnements.

S’il n’y avait pas quelque chose en nous qui dit : tu n’es pas capable, ou assez fort.e ou une personne de confiance… est-ce qu’on devrait se dépasser ?

S’il n’y avait pas quelque chose en nous qui dit : si tu ne fais pas cela, tu n’es pas digne d’être aimé.e… est-ce qu’on devrait se dépasser ?

S’il n’y avait pas en nous quelque chose qui dit : tu n’es pas assez, est-ce qu’on devrait se prouver ?

Et si ?

Et si le dépassement de soi mettait en lumière l’idée que l’on représente bien plus que notre imagination vis-à-vis de nous-même veut nous le faire croire ?

Et s’il s’agissait d’aller plus loin que soi pour aller vers Soi dans une dynamique d’évolution et non d’amélioration ?

Alors, il serait plutôt question de découverte dans son étymologie : mettre à découvert et donc voir. Dé-couvrir des ressources inexplorées physiques, émotionnelles, mentales, spirituelles, énergétiques. Si je les dé-couvre, c’est qu’elles sont déjà là. Mais peut-être ne les vois-je pas encore…

Il serait alors question d’exploration curieuse et d’accueil de parties de soi non expérimentées. Avec le lot de tâtonnements et d’erreurs qui vont avec !

Jamais contre soi mais pour et avec Soi.

Alors…

La lutte laisse la place au « laisser venir » dans le sens de ne pas forcer le pas-sage. Le temps est notre allié ! On sait quand c’est le moment de passer… Ce qui n’exclut pas l’effort dans son sens étymologique : activité d’un être qui emploie ses forces dans un but.

Le forçage s’efface devant une force intérieure qui ne demande qu’à émerger. Elle attend juste que le passage soit ouvert, sans résistances pour l’empêcher de circuler.

Le contrôle de soi se dissout devant une ouverture à l’inconnu de Soi.

Ce n’est plus une affaire de croyances mais de vivre.

Il n’y a plus de performances avec le référentiel de résultats, mais une idée de performer (per fidere) dans le sens étymologique du terme, c’est-à-dire, la notion de se vivre pleinement, d’aller jusqu’au bout.

Il ne s’agit pas de dépasser des limites limitantes car fixées et déterminées. Mais de lâcher prise avec ce que l’on croit déjà savoir de nous-même, pour accueillir l’illimité. L’espace intérieur est vaste et sans limites !

Reconnexions

Que les seules limites extérieures soient celles qui protègent la vie et non celles qui empêchent le vivant, fruits d’un mental limitant et limité. Limité car il occupe un champ qui n’est pas celui de ses compétences.

Notre envie de dépassement, d’un soi à un Soi, n’est pas à remettre en cause.  Elle est inhérente à notre être qui demande à évoluer.

Cependant, la façon d’y parvenir dénature ce processus naturel. L’itinéraire en devient violent et douloureux. Là où il pourrait se vivre joyeusement et en confiance…

Et si l’on dépassait la vision limitée de nous-m’aime ?

Peut-être est-il temps de nous reconnecter à qui nous sommes réellement… Des êtres infinis qui passent de soi à Soi à

Soi à

Soi… 😉

Patricia Verneret
Coach de vie, formatrice, auteure


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