Les émotions en mouvement
Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, j’ai un grand besoin de me « pauser » pour retrouver un équilibre. La vie qui semble s’accélérer, a tendance à nous emporter ! La fatigue aidant, petit à petit, je me perds de vue. Le contact avec mes ressentis est parasité par l’impression de ne pas avoir le temps.
Alors je fais un constat : je m’énerve plus vite. Mes émotions « montent » en intensité. Mon calme habituel s’effrite, mis à rude épreuve par les circonstances de ma vie… Elles semblent se liguer contre moi !
Nos émotions n’en font qu’à leur tête !
Manque
Parfois, elles marquent par leur absence… et nous laissent avec un grand sentiment de vide, un manque d’énergie pour avancer. Suis-je en train de m’anesthésier ? Ou bien m’indiquent-elles que je me trompe de voie ?
Violence
Parfois, elles surprennent par la violence de leur présence… elles nous laissent alors exsangues, vidé.es après leur passage. Combien de temps ai-je été sourde ? Ou bien les ai-je trop longtemps tenues en laisse, bâillonnée par l’idée que je me fais sur « être quelqu’un de bien » ?
Confinement
Parfois elles s’étiolent, comprimées par notre système de défense qui pense nous protéger. Il finit par nous enfermer dans un cocon devenu prison. Cela fait combien de temps que je ne suis pas sortie de ma zone d’habitudes ?
Dispersion
Parfois, elles affolent car elles veulent s’exprimer… elles sont comme expulsées à travers les mots ou les gestes. Elles ont pris les commandes et nous font dire ce que l’on souhaitait taire. Elles nous dispersent… Depuis quand suis-je injuste avec moi-même ?
D’un extrême bord à un autre, elles me racontent que quelque chose en moi s’est figé. Je tourne en boucle car je tourne en rond !
Le rapport aux émotions demande du temps pour se rappeler qu’elles portent en elles le mouvement*. Notre dimension émotionnelle est précieuse et devrait occuper sa place à l’instar de nos autres dimensions** : ni plus ni moins… chacune à leur juste place.
Quel mouvement essaient-elles de me « r-appeler » ?
Respirations et douceur
Alors, je respire… j’allonge mes respirations. Je prends un temps sans pensées tout en revenant dans mon bassin, dans mon centre, dans mon corps, dans mon ventre.
Je vais dans mes profondeurs. Et alors je sors de leurs extrêmes qui me donnaient l’illusion d’être vivante. En revenant dans mon présent, je cesse de décharger celles appartenant à mon passé. Et je percute : elles m’aident à mieux me comprendre, me connaitre dans mes goûts et ainsi à poser mes choix…
Alors, j’ose les laisser me traverser : quelle partie de moi-même jusque-là ignorée va se révéler ?
J’écoute ce qui veut être entendu.
J’accepte leur impermanence qui me guide vers le lâcher-prise.
Et je les vis. Dans leurs nuances devenues douces à ressentir car non ignorées. Elles se déploient là où la vie m’appelle.
Mouvements
Mes émotions me remettent en mouvement. Je passe de l’émotivité à l’émotion juste car ancrée dans mon présent.
Je reprends ma marche sur un chemin fait de tours et de détours ; de carrefours ; de lignes droites et de virages serrés. Ce qui change, c’est le plaisir que j’ai à découvrir le paysage.
Et je prends conscience qu’autrefois, mes émotions désagréables fortes ont créé une empreinte des évènements dans mon corps. Des traumatismes.
Aujourd’hui, je peux savourer joyeusement et aimer chaque petite chose de ma vie et créer de nouvelles empreintes dans mon corps. Des bulles de joie !
Mes émotions sont des messagères de la vie en moi. Quelle direction souhaite-t-elle prendre ?
Mes émotions donnent des couleurs singulières à mes expériences de vie.
« Le but est l’équilibre et non l’extinction des émotions, chaque sentiment possède une valeur et une signification. Une existence sans passion serait comme une morne traversée du désert, coupée de tout ce qui fait la richesse de la vie. »
Daniel Goleman
Patricia Verneret
Coach de vie, formatrice, auteure
*émotion du latin « e motio » : mouvement
**corps, mental, intuition, etc.