L’angle de vue humaniste

D’une vision d’un monde, d’une habitude de comportement, du point de vue dans une discussion, découlent des paroles, des actes et des fonctionnements.

Un point de vue humaniste sur des critères, règles, valeurs de notre époque, qu’est-ce que cela change ?

Voici pêle-mêle, des propositions (et non des vérités) d’interprétation sur des réflexions (ou des mots) entendues par ici ou par là, qui ouvriront peut-être vos regards et analyses. Quel est le regard d’un « humaniste » ?

Performance ?

Une personne qui utilise toutes ses ressources intérieures en devient performante aux yeux des autres. La performance est un effet secondaire et non une fin en soi.

C’est la fin du monde ?

C’est la fin d’un monde car la vie est constituée de cycle : il y a donc des périodes ascendantes suivies d’autres descendantes jusqu’au prochain cycle.

Le monde change car il est la résultante des changements intérieurs de chacun : de plus en plus de personnes ne se retrouvent plus ou pas dans les systèmes existants poussés par des intérieurs qui veulent exister autrement. Certaines choses deviennent donc inacceptables, ce qui pousse à bouger les lignes ; les valeurs évoluent encore (elles n’ont jamais cessé d’évoluer au fil de l’histoire) et demandent de créer des environnements nouveaux ;  l’inimaginable (dans le sens jamais pensé que cela existerait dans la réalité) entre dans les vies et bouleverse le connu.

Dans un monde en pleine mutation où tout change, les consciences et les valeurs font évoluer ou obligent à bouger les institutions, modes d’éducation, entreprises etc. Ce faisant, une résistance naturelle fait le contrepoids.  Les changements sont à la fois intérieurs, matériels et spirituels… L’émergence de nouveaux métiers répond aux nouveaux besoins d’une société pour accompagner  tous ces systèmes « en crise » et limiter ainsi les éclats, pour permettre plus de virages tout en « rondeur ».

L’échec ?

Une erreur de parcours qui permet de réajuster ce qui demande à l’être. Le miroir qui dévoile « qu’un truc » ne convient pas ou plus. Si l’on choisit de continuer tout en réajustant, il devient aussi une occasion « d’éprouver » sa détermination… Je doute- je choisis- je matérialise, c’est comme entrainer un muscle « mental ».

Le moi ?

Plutôt le Moi : le découvrir et le questionner est une étape indispensable avant de le mettre au service d’un projet, d’une structure, du bien commun. L’emploi du « je » n’est pas le « moi, je » et revient à prendre la responsabilité de ses opinions sans se cacher derrière celle d’une généralité : cette opinion n’engage que celui qui l’exprime et ne constitue pas la Vérité pour tous.

Communication ?

Essentiellement bienveillante : on peut ne pas être en accord et s’exprimer sans juger ni l’autre ni son opinion. Je te condamne mène à tu me condamnes, ce qui s’avère être un cycle sans fin. La communication bienveillante n’est possible qu’en présence de ses fondamentaux : l’écoute et le respect. Elle ouvre des nouvelles voies où 2 personnes peuvent se rencontrer ; elle ouvre le dialogue. Elle permet de ne pas prendre une opinion comme une attaque personnelle. Elle n’est possible que lorsque les participants ne prennent pas l’opinion d’un autre pour une remise en question d’eux-mêmes.

Jugement-condamnation-sauveur ?

Ayant conscience de ne connaitre ni le vécu ni tous les éléments qui ont conduit cette personne à réagir, penser, vivre comme cela, est-il possible de la juger ? Cela conduit à un positionnement sans manquer de respect (pas toujours facile !).

Mettre en lumière les capacités de l’autre qui le conduiront à se sauver lui-même, oui… Le tirer-pousser-porter, non… cela revient à le considérer comme une victime incapable de rebondir, d’aller chercher ses ressources. L’accompagnant humaniste privilégie l’autonomie de l’autre.

Que de scandales !!

Les éléments rapportés existaient mais tout le monde considérait cela comme normal… le fait de trouver tout cela scandaleux est signe que les consciences évoluent !

Ça ne fonctionne plus !

C’est signe d’évolution. Les repères sont en train de changer pour de nouveaux repères à venir.

Se remettre en question n’est pas renier son passé. C’est mettre en question, c’est-à-dire se poser des questions : est-ce que ce comportement fonctionne encore ? Est- ce que cela me convient encore ? Ai-je toujours cette envie ? Ai-je envie d’autre chose ? Cela permet de réactualiser l’image de soi, des autres ou encore une opinion devenue obsolète.

Ce n’est pas se renier mais passer à l’étape suivante : cela passe par la reconnaissance de l’utilité de ce qui a été bâti, puis, comme des vêtements d’enfant qu’on ne met plus, on les dépose et on en cherche d’autres adaptés à sa taille.

Pour « l’intérieur », c’est pareil : on a grandi, on a guéri, on s’est enrichi par des discussions, des rencontres, des voyages, des différences, par du nouveau etc. Certains comportements-modes de fonctionnement-réactions ne sont plus adéquats.

Il peut être intéressant de s’intéresser à des situations en cherchant de multiples façons de les observer.

Chaque regard apportera une couleur à la pensée et se matérialisera par des actes dans la foulée.

L’humaniste a une grande conscience de sa co-responsabilité de l’état du monde dans lequel il vit. Il a confiance en l’idée que ce qui a été fait peut-être dé-fait. L’erreur est humaine ! Est-ce que l’humaniste est utopiste ? Il le serait s’il ne voyait pas ce qui ne fonctionne pas. Le débat est ouvert. Mais en tous les cas, c’est un état d’esprit.

L’angle de vue humaniste respecte la dynamique du changement inhérent à la nature humaine. Il ne juge pas le passé tout en en retirant l’essence. Il tient compte de la globalité de l’être humain. Il le considère dans toute sa grandeur (et non supériorité) comme un Humain, qui a la capacité de se transformer à son rythme et d’exister sans besoin de rabaisser l’autre.  Il considère l’Humain dans toute son humilité avec une compréhension pour les difficultés qu’il peut avoir quand il traverse une crise de « sens ».

Il met toujours le vivant en lumière.

Il sait que rien n’est définitif mais que certaines choses appartiennent au passé ; que le présent est l’endroit des choix où se sème l’avenir. Il sait que ce choix appartient à chacun et qu’il n’est pas facile à faire !

 Il entrevoit des possibles là où d’autres préfèrent  la fatalité.

Les questions posées par l’angle de vue humaniste pourraient être comme ces 2 questions (et bien d’autres) : est-ce que cela sert la vie ou est-ce que cela la détruit ? Est-ce que c’est juste ?

 Et il regarde devant lui, curieux du chemin que lui fera découvrir cette ouverture d’esprit.

Texte Patricia Verneret

Coach, formatrice, conférencière

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