Je ne me suis pas entendu(e) !
Noémie
« Vous pouvez répéter ce que vous venez de dire ? C’est très intéressant. J’aime ce mot, je voudrais l’écrire pour ne pas l’oublier…
– Je n’ai fait que répéter ce que vous venez de dire…
-J’ai dit ça moi ? Je ne me suis pas entendue ! »
Noémie C. ne s’est pas entendue, tellement perdue dans son passé et son raisonnement, dans ce qu’elle n’arrive pas à digérer ou accepter.
En quelque sorte, partie dans son passé et donc absente à son présent. Elle n’entend pas sa pensée, elle n’entend pas ses émotions. Pourtant elle les exprime ! L’entendre par l’intermédiaire de son coach a provoqué une émotion. L’émotion qu’elle aurait ressentie si elle avait eu conscience de son corps. Mais elle est accaparée par son injustice présente, sa situation difficile (telle qu’elle la raconte). Alors, pour l’instant, elle a besoin d’un intermédiaire entre elle… et elle.
Doucement, pas systématiquement, mais quand cela s’avère peut-être un moment clé ou quand elle va s’égarer dans les « dire » des autres (tel qu’elle le perçoit), le coach va re-dire à voix haute pour que petit à petit, elle s’entende à nouveau.
Martial
Le corps de Martial P. se ferme d’un coup. Il était enthousiaste, volubile en racontant cet évènement. Puis, il enchaine avec un « j’aime mon travail ! » et le corps se ferme en même temps que son regard s’assombrit, devient très sérieux.
« Avez-vous conscience de la posture que vous venez de prendre ?
– Non…Comme vous venez de me le faire remarquer, maintenant oui.
– Quelle émotion ou sentiment cela provoque en vous ?
– … »
Happé par la tête et l’histoire qu’il se raconte, c’est comme s’il n’entendait pas ce que son corps est en train de lui raconter. Si le coach n’avait pas fait part de ce qu’il voyait, l’incohérence entre les mots prononcés et sa posture seraient passés inaperçus et, avec eux, un point peut-être important.
Une information qui vient de loin : de l’espace situé derrière les croyances ou les habitudes ; de la volonté que cela se passe comme ceci ou comme cela. Une subtilité qui vient de s’échapper d’un monde qui tourne en boucle. Pourquoi pas une opportunité de sortir des pensées réflexes ? Peut-être que voir ses incohérences en face (parce que le coach peut mimer ce qu’il a vu corporellement), lui permettra de comprendre ce qui rend si difficile son avancée.
Le coach ne fait que voir, observer, souligner, mettre en valeur (en questionnant ou en formulant)
pour que l’autre puisse se voir et s’entendre et se ressentir. Pour que ce qui est inconscient devienne conscient, pour que les réactions deviennent des actions.
Ces deux exemples sont monnaie courante dans les missions de coaching. Il est si facile de se perdre de vue quand la vie est pleine presque exclusivement de devoirs et de contraintes. Et puis, le « moi » n’est pas important quand les autres sont toujours passés avant ou quand le « jeu » d’un autre a forcé son « je ». Alors l’entendre, vous pensez bien !
Heureusement que l’accompagnant coach a appris à voir et entendre ! D’ailleurs, il peut poser longtemps la question « que ressentez-vous ? » sans avoir de réponse.
Aucune importance, ce n’est pas le résultat immédiat qui compte. L’important, c’est qu’entendre la question régulièrement, va amorcer un mouvement d’introspection et de quête de soi. Au bout d’un temps, la personne accompagnée se la pose toute seule, voire même la pose à son entourage…
Tiens, je ne peux m’en empêcher… Que ressentez-vous ?