Cessez de vivre à crédit… vivez contents !

Il y a certaines expressions qui peuvent agacer. Ou alors, elles titillent, mettent mal à l’aise. Elles blessent l’égo ! Elles musèlent.

Il y en a une qui m’a longtemps énervée : « se contenter de ce que l’on a ».

Il faut dire que cela commence tôt avec des phrases telles que : il y a plus malheureux que toi ! Histoire d’installer une comparaison qui mènera à la culpabilité. Celle de vouloir quelque chose que l’on n’a pas encore. Tu n’en as pas le droit.

Derrière ces 2 expressions accolées l’une à l’autre (et quelle que soit la formulation), il y a l’idée de rester à sa place. De ne pas vouloir plus, donc cesser toute ambition. Un « non » sans négociation possible : tu n’auras pas ce que tu demandes. Pas d’avenir épanouissant, juste un horizon limité. Car il est quantifié.

En tous les cas, c’est comme cela que je le vivais !

Vivre à crédit, c’est comme vivre un peu chaque mois parce qu’on va devoir rembourser. Un petit peu, mais pas tout chaque jour.

Une même routine s’installe, répétitive à souhait. Comme cela revient, inutile de vivre pleinement : j’en garde pour demain !

Je me souviens d’une personne toute heureuse d’être allée à un concert qu’elle a filmé intégralement. Ce qui veut dire qu’elle a regardé les artistes à travers la caméra de son smartphone.

Tu as aimé ? Oui c’était bien. Mais le ton n’y est pas. L’enthousiasme parait lointain. D’ailleurs, elle ne sait pas vraiment ce qu’elle a ressenti. Pas pensé : c’était bien ; les lumières blablabla ; le son, blablabla ; etc.  Non, ressenti ! Pas de ressentis…

Je lui demande pourquoi elle l’a enregistré. C’est pour pouvoir le revoir. J’enregistre tous les concerts auxquels je vais.

Pourquoi pas ! Alors elle a une bonne raison de filmer. Et tu les revois plus tard ? Heu… jamais…

Donc, tu n’as jamais levé les yeux sur la scène trop occupée à avoir un bon cadrage. Tu es passée à côté de ceux qui t’entouraient.  Et tu n’as jamais regardé directement les artistes ? Non.

Alors je me pose la question de ce qu’elle a vécu dans la réalité. La caméra enregistre ce qu’on voit, mais elle ne peut enregistrer les sensations. La communion ressentie quand tout le public chante ensemble. L’énergie qui se dégage et qui fait frissonner. Elle n’a pas ce pouvoir-là.

Quand je lui pose ces questions, le silence répond. D’être passée à côté d’une foule de choses que mes questions lui suggèrent. Et qu’elle ne pourra pas revivre. C’est trop tard. Elles sont passées.

Le souvenir d’une sensation n’est pas la sensation. C’est une réplique.

Une image est un souvenir pour le mental mais ne permet pas de revivre ce que l’on a manqué. Un autre concert sera un autre concert, même s’il s’agit des mêmes artistes.

Vivre à crédit, c’est remettre à demain.

Une émotion, un désir, un besoin, une plainte, une difficulté… les refuser. Ce n’est pas le moment !

Mais alors, il faudra bien que tout ce qui est refusé voit le jour ! Ce joli « bordel refoulé » prendra la place des émotions, désirs, besoins, plaintes, difficultés d’un autre jour, qui devront attendre un autre jour pour s’exprimer… la file d’attente grandit : on n’a pas fini d’en payer les intérêts !

Est-ce que quand vous embrassez amoureusement une personne, vous pensez au baiser de demain ou bien vous profitez de ce baiser maintenant ?

Est-ce que quand vous mangez un plat qui vous fait plaisir, vous vous projetez tout de suite mentalement vers une autre recette prévue la semaine d’après ou bien vous le savourez maintenant ?

Est-ce que quand vous travaillez, vous ne pensez qu’à la fin de votre journée ? Est-ce que quand vous êtes seuls, vous pensez à vos amis-conjoints-enfants. Et quand vous êtes ensemble, vous pensez à être seul.e ?

La liste est longue de moments vécus sans qu’on soit présent réellement. Et pendant ce temps, la vie passe, car elle est mouvements. D’instants en instants, elle avance.

Alors je revois cette expression qui me hérisse de par les intentions que je vois derrière. Et je décide de la comprendre autrement. Je lui ai ôté la comparaison avec d’autres personnes. Je lui ai ouvert l’horizon.

Et si se contenter de ce qu’on a, c’était en fait se dire : je suis content.e de ce que j’ai !

Non pas dans l’idée de ne pas avoir envie de quelque chose de différent demain. Non pas dans l’idée, de ne pas avoir l’ambition d’un ailleurs plus tard. Non pas dans l’interdiction de rêver et de se vivre plus grand.

Dans l’idée de savourer maintenant. De vivre maintenant. Même quand la vie ne va pas fort. Car dans ces moments-là, c’est comme la regarder à travers un appareil photo. Le zoom empêche peut-être de voir le sourire d’un enfant ou d’une personne qui rafraichirait l’âme, si on levait les yeux de ses douleurs.

Peut-être mes difficultés présentes sont un grand moment de transformation. Inconfortable, certes. Mais seulement parce que je n’en connais pas l’issue. Quel dommage de passer à côté de ma re-naissance sous prétexte que je ne la maitrise pas !

C’est assez intéressant de vivre une émotion désagréable sans la rejeter mais sans la ruminer non plus. Généralement, elle passe ! Et beaucoup plus vite qu’on ne l’avait anticipé.

Même constat pour des situations qu’on voudrait fuir. Accepter de vivre son inconfort amène bien souvent une résolution inattendue et sans lutte… mais avec effort !

C’est décidé ! Aujourd’hui, je me contente… et demain je me donnerai les moyens d’autres contentements.

Et vous ? Quels sont vos projets de Vie pour aujourd’hui ?

Patricia Verneret
Coach de vie, formatrice, auteure


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