Attends… dans les temps !
Remarquez comme notre civilisation a bouleversé la notion de temps ! Tout devient à la portée de chacun si facilement : là où les grands espaces à parcourir entrainaient la patience, celle-ci n’est plus autant sollicitée.
Vous n’avez pas le temps de faire vos courses ? Vous pouvez être livré(e).
Vous avez besoin d’une information administrative, historique, géographique etc. ? A travers l’écran de votre ordinateur, sans faire l’effort de vous déplacer, le monde s’ouvre à vous, le savoir est à portée d’un clic.
Une foule d’inventions matérielles vous facilite le quotidien, des services payants permettent de déléguer ce que l’on considère comme des « pertes de temps ».
Il est même possible de vivre une vie à travers celle d’un autre par l’intermédiaire de son écran : une vie vouée à la non-expérience de soi !
Certaines enseignes et internet promettent de contenter 24 heures/24 la moindre de vos envies. Le temps entre un besoin (réel ou imaginaire) et le moment où il est satisfait n’est plus une affaire de temps qui passe, ni d’effort à fournir.
C’est à la fois porteur et libérateur. Tellement de choses anciennement énergivores deviennent des éléments du quotidien sans perdition de l’essentiel ! Les journées s’en trouvent facilitées !
Cela fausse également le rapport au temps
et fait oublier que « certaines choses » en demandent. Alors, l’être humain en devient impatient et ne sait plus gérer ses frustrations quand son imaginaire ne se matérialise pas immédiatement : la pression intérieure devient insupportable, voire elle se transmet aux autres transformés en poubelles d’un émotionnel (re)devenu infantile : je veux tout maintenant !
Des actes effectués trop tôt ou trop tard mèneront dans des murs ou des impasses, qui obligeront à faire demi-tour et de ce fait, allongeront l’itinéraire pré-décidé. Trop tôt : a-t-on la force de parcourir ce chemin de titan devant les résistances innombrables ? Trop tard : est-on prêt(e) à passer à côté d’un essentiel sans regret ?
Et si l’on tentait de poser des actes à temps qui seront dans les temps : celui du passage de la théorie-concept au concret-matérialité physique ou intérieure.
A temps, dans les temps… Attends, dans les temps !
Le temps pour un projet ou un changement de prendre naturellement sa place et de se matérialiser sans violence.
Le temps pour un mode de fonctionnement, une croyance limitante de se défaire et/ou de disparaitre entièrement et de laisser l’espace au nouveau porteur et joyeux.
Le temps pour un ensemble de personnes en privé ou au travail de se connaitre concrètement et d’expérimenter une coopération sociable et bienveillante, en s’adaptant au fur et à mesure des découvertes des limites.
Le temps pour une personne en formation d’incarner un nouveau savoir, de passer du potentiel à la compétence.
Le temps donné à une expérience de vie de se « confronter » avec la réalité physique, les êtres, afin de s’ajuster, de s’adapter pour être efficiente.
Le temps de maturation d’un élan intérieur avant de trouver la force de l’incarner.
Le temps qui permet de « se faire à l’idée » et d’assumer, de légitimer une nouvelle voie, un nouveau choix.
Le temps du deuil d’un être cher, d’une situation, d’un travail, de ses attentes, de ses habitudes.
Et, voyez-vous, ces temps-là ne sont pas négociables, ni contournables, ni « délégables », ni « repoussables ».
Ils sont un passage-processus inévitable… Et de ce fait rappelle l’humilité à l’Homme. Le matériel peut soulager son quotidien mais ne l’exempt pas de ses responsabilités, de son évolution et de l’effort juste nécessaire.
Attendre un peu dans l’instant permet d’avancer en confiance et solidement.
Prendre le temps du silence pour écouter ce qu’il a à nous souffler peut permettre de poser des actes qui s’enchaineront naturellement et dans l’effort juste : ni trop, ni pas assez.
Chaque changement, chaque projet est similaire à une naissance. Un temps pour le rêve, un autre pour la conception, un autre pour la maturation et l’évolution intérieure, un autre pour l’expression-matérialisation, un autre pour l’adaptation et le dernier pour profiter-savourer…
Suivant la « sagesse » de chacun, toutes les étapes peuvent être appréciées tellement leurs saveurs sont différentes !
Voici une histoire (ou légende) qui conte un savoir faire oublié
Il fût un temps où les femmes s’isolaient pour méditer et se connecter avec les âmes qui les choisiraient pour mères. Parfois, elles rentraient bredouilles. Ce qui ne les décourageait pas de recommencer et prendre un temps régulièrement pour s’assoir et méditer.
Quand l’âme de son futur enfant la contactait enfin, une femme rentrait joyeusement pour annoncer-discuter la nouvelle au futur père. Ils faisaient alors l’amour en conscience et en accueil joyeux et total de cette âme qui les avait choisis.
La naissance 9 mois plus tard était le résultat de leurs désirs à tous les 3.
Et si chacun d’entre nous se posait pour écouter son intérieur le plus sacré avant de poser un acte ? Je me demande quel monde cela créerait… 😀