Les subtilités intérieures
Quand on veut poser des mots sur nos états intérieurs, il y a beaucoup plus de vocabulaire que « ou tout blanc ou tout noir », même si, parfois, le ressenti que nous en avons, est plutôt extrême.
Notre intérieur est plein de virages, de courbes, de subtilités. L’espace est grand et les états mouvants… Quelle chance ! La langue française permet de mettre des mots différents sur ces subtilités.
Pas de vérités ci-dessous, mais des pistes de réflexions et peut-être autant d’occasion d’apaiser les culpabilités…
Les émotions sont des réactions.
E motio = mouvement qui vient de. Dans son nom, l’émotion porte la notion de mouvement. Elle n’est pas destinée à rester, ni à figer. Elle donne une information sur la façon dont un évènement, une personne, une situation nous a touchés. Puis, elle est censée partir… Si on ne l’entretient pas en la ramenant sans cesse ! Sinon, ce n’est plus que son fantôme qui a l’apparence de la vraie.
L’émotion est naturelle.
L’émotivité, c’est plonger dans l’émotion ou être happée par elle.
De ce fait plus rien d’autre n’existe. Elle coupe de sa raison et de son présent. On est plus que réactions !
La plupart d’entre nous faisons en sorte de brider nos émotions, car il y a confusion entre la vivre et plonger dedans.
La concentration induit une notion de réduction
Comme un focus, le détail est vu à la loupe. On s’en approche aussi intimement que dans un corps à corps. Le reste n’existe plus ! Rester concentré(e) demande beaucoup d’effort. Dès qu’il y a un effort, il y a une tension physique. Si vous observez une personne concentrée, son corps-visage-regard seront tendus ou figés et ses sourcils seront froncés.
L’attention signifie que l’on porte son regard, son écoute sur quelque chose.
Elle n’induit pas de faire un focus. S’il y a vue du détail, cela n’empêche pas la vue de l’ensemble. Il y a là du « et » et non pas du « ou ». L’attention demande de la détente et porte de la vigilance en elle. Elle est subtile, comme sur le fil d’un acrobate, car si l’on n’y prend pas garde, l’attention peut devenir la tension. Si vous observez une personne attentive, vous verrez un visage ouvert et un regard curieux de l’autre ou de la chose. Il y a une notion d’accueil.
Pour mieux réfléchir, dans le sens d’avoir des idées, voire même des idées nouvelles, l’attention ouvrira les possibles là où la concentration durcira la position et la réflexion.
La volonté induit l’idée, que tout est prévu,
que les évènements doivent se passer comme ceci ou comme cela, qu’il n’y a pas d’autres chemins possibles. Elle ne lâche rien ! Elle peut durcir la position.
L’intention induit une direction
« C’est là que je souhaite me rendre ». Ou bien, « c’est cette sensation que je souhaite vivre ». Le chemin à parcourir ou le « comment » dépendront des rencontres, du vécu, du présent. Il y a une liberté de forme. Elle implique un ajustement à ce qui se présente, sans perdre de vue l’objectif recherché.
Volonté ou intention ? Comment savoir ? Par les tensions ou l’absence de tensions ressenties dans le corps, par le nombre de choix qui s’offrent… L’idéal serait que la volonté soutienne l’intention !
La sensibilité induit une notion de compassion,
d’écoute d’un autre, d’intérêt porté à l’extérieur, d’être touché(e) émotionnellement (et non pas de façon émotive), d’ouverture et de réceptivité à l’inconnu. La sensibilité n’est pas raisonnable.
La sensiblerie induit une notion d’émotion forte qui s’amplifie.
Elle implique de se complaire dans la sensation ou l’émotion. Il y a extravagance dans son expression. Il n’y a pas de lâcher prise, juste une sorte de cercle ou de mare, dans laquelle on peut se complaire.
Être sensible et raisonné(e) ne sont pas des notions incompatibles. Sans sensibilité, pas de réelle écoute et pas de relation harmonieuse, où les différences ont la possibilité de se compléter.
Comment mieux vivre ce qui est naturel, sans partir dans le psychodrame ?
La Présence…
La présence induit l’instant présent vécu dans son mental et dans son corps et dans ses sensations et dans ses émotions. Elle implique d’écouter l’intérieur tout autant que l’extérieur. Elle mobilise tout l’être.
La Présence n’a pas de subtilités de langage. Elle ne se décline pas, car elle porte tout en elle. Elle est subtile, car elle est vivante. Elle bouge incroyablement sans forcément bouger physiquement. C’est chaque instant vécu intensément sans parasitage d’aucune sorte. C’est tout l’être qui écoute et qui vit, qui se vit.
Et alors, sans effort, tout est vu, retenu, entendu, perçu, vécu joyeusement et légèrement.