Les apprentis-sages (extraits)
Je vous partage un 3ème extrait de mon dernier livre. Un des 34 contes né de mon image in air ! J’espère qu’il vous amusera tout autant que Napoléon s’est amusé 🤣.
Le livre est disponible sur commande dans toutes les librairies francophones !
Le monde de « chouchou »
Jean-René se gare enfin, mais à plus de 2 rues de la clinique vétérinaire où il se rend. C’est incroyable qu’il y ait aussi peu de places pour se garer dans un lieu aussi perdu ! Il récupère son appareil photo et se dirige vers le lieu de son reportage. Ce n’est pas que le sujet l’enchante, mais il faut bien bouffer !
Il y a un truc un peu bizarre… Pas un chat devant la clinique et pourtant il entend une sorte de brouhaha : ça discute pas mal ! Une vieille maison abrite la clinique vétérinaire. Ah pardon… en fait c’est une vieille bâtisse avec derrière un parc d’où viennent les voix qu’il entendait… Des voix humaines et animales. Quel lieu original et sympathique pour une clinique !
« Bonjour, j’ai rendez-vous avec le docteur Jeanfils. Je suis Jean-René Darfore, journaliste au Quotidien.
– Oui, elle sait que vous venez, mais vous allez devoir rester discret hein ? Vous n’avez qu’à suivre Napoléon, il vous mènera à elle. »
Un employé nommé Napoléon, voilà un nom un peu étonnant ! Jean-René est en train d’imaginer le personnage quand il est interrompu par un aboiement intempestif. Son regard se tourne vers le chien.
« Napoléon, va trouver Sophie. Allez ! »
Et voilà Jean-René, qui se sent un brin ridicule et curieux à la fois, en train de suivre Napoléon.
Il soupçonne celui-ci de moqueries animales, car, soit il s’arrête dans des salles différentes pour dire bonjour au personnel vétérinaire, soit il passe plusieurs fois au même endroit. Bref, il le fait tourner en rond ! S’il était un humain, il le soupçonnerait de gagner du temps…
Il arrive enfin dans une salle où se trouve le docteur Jeanfils, les yeux fermés, devant un chien qui ne bouge pas un poil ! Comment fait-elle ? De l’extérieur, on la voit se concentrer et on dirait que le chien est en attente.
Ça, cette vétérinaire a une façon de procéder pour le moins excentrique ! Tout en sachant apparemment s’y prendre avec les animaux, car ce chien reste totalement immobile, droit comme un i. Ou bien, il la connait bien ?
Jean-René s’assoit discrètement dans un coin où il peut tout voir tout en se faisant invisible… Il n’a pas envie de se faire engueuler par la matrone de l’accueil ! De là où il est, il peut apercevoir un chat rouquin qui saute sur la table à côté du chien malade, sans que celui-ci ne bouge un poil ! Il ronronne tellement fort qu’on pourrait l’entendre de la rue !
Le docteur Jeanfils rouvre les yeux et s’active tout en discutant doucement avec la propriétaire et son chien, un dénommé Man.
La séance de soin dure environ un quart d’heure avant que tout ce petit monde s’éloigne.
« Bienvenu Jean-René. Je peux vous appeler Jean-René ? Appelez-moi Sophie ! Allez au suivant ! Tu viens Chouchou ? »
Le journaliste n’a pas le temps de dire oui ou non, et se contente, penaud, de suivre l’énergie vive dénommée Sophie accompagnée de Chouchou, le chat rouquin.
Tout au long de la journée, il assiste aux mêmes scènes. Des animaux en confiance, Sophie qui ferme les yeux avant les diagnostics ou les soins ; Chouchou, qui suit et grimpe sur les tables. Des animaux qui boitent, et qui l’instant d’après gambadent et jouent avec Chouchou ou avec Napoléon. Des animaux malades qui repartent un peu plus vifs qu’à leur arrivée.
René-Paul a l’impression qu’on lui fait une caméra cachée. C’est sûr que cette Sophie a l’air d’être une vétérinaire très compétente en plus d’avoir le don de calmer les animaux et leurs maîtres !
De là à ce qu’on l’envoie faire un reportage, il ne saisit pas bien. Il parait que cette clinique a des résultats exceptionnels (d’où les difficultés pour se garer). Sophie a la réputation d’être une guérisseuse mais du genre sorcière. Bon, elle connait bien son métier et a l’air d’être dans son élément avec les animaux. Mais il ne l’a pas vue un seul instant faire d’imposition des mains ni entendue faire des incantations ! Rien de bizarre à part son petit moment les yeux fermés avant d’entamer un soin : un rituel ?
Il se méfie toujours avec ces soi-disant guérisseurs, qui font toute une mise en scène et entourloupent leur monde !
Sophie a juste l’air d’être compétente en plus d’avoir une expérience de vétérinaire solide… Basta !
A la fin de la journée chargée- ça c’est sûr !- il réussit à l’interviewer rapidement. Non, elle n’est pas guérisseuse. Elle ferme les yeux pour se reposer un peu entre 2 rendez-vous et a remarqué que cela calmait tout le monde. Oui, elle aime les animaux. Oui, Chouchou est son chat. Il a environ 3 ans et a débarqué à la clinique il y a 2 ans de cela. Napoléon a environ 4 ans et a débarqué il y a environ 1 an. Oh, vous savez, ce sont les animaux qui nous adoptent, pas le contraire !
L’interview prend fin et Jean-René prend congé, surveillé par Napoléon et Chouchou sur le pas de la porte.
« Il est crédule, tu trouves pas ?
-Il n’y a pas pire que celui qui croit tout savoir… »
Les 2 comparses rejoignent Sophie.
« Alors, il soupçonne quelque chose ?
-Non, pas de crainte à avoir.
-Je n’ai pas tout saisi pour le dernier patient, Akénaton » interroge Sophie.
– « Il a besoin de plusieurs séances. Il a un passé difficile. Ton écoute est de plus en plus fine ! Quelle belle équipe on fait, non ?
-Ça, je te le confirme…
-Allez, la journée est finie, on va jouer ? » S’insurge Napoléon.
Sophie et ses deux « associés » se rendent dans le parc pour une pause bien méritée après cette journée bien chargée.