Le chant de l’intention
S’il est une chose que chanter apprend, c’est que la moindre tension empêchera la voix de s’exprimer dans toute sa splendeur. Être tonique, oui… être tendu(e) non !
Or, dès lors que la volonté intervient en excès, tout le corps se tend vers l’objectif. Et voilà que la voix-voie se durcit, qu’elle en devient presque sans « âme », que les muscles faciaux se contractent et figent l’expression et les mots. Voilà qui oblige à trouver une autre façon de faire, si l’on veut une voix harmonieuse qui se déploie élégamment. Une façon qui respecte la vie et ses chemins possibles, qui n’épuise pas l’énergie intérieure, mais qui la fait circuler librement et joyeusement.
Mais comment faire sans volonté ?
S’inquiète le mental qui veut tout régenter… Il ne s’agit pas de l’annihiler, mais d’utiliser ses capacités de la façon adéquate, quelque chose d’incisif mais moins directif : pourquoi pas l’intention ?
L’intention est puissante sans être forcément consciente si l’on n’est pas observateur de ce qui se passe en soi. Elle n’a pas de jugement sur ce qui est bon ou pas. Elle est.
Toutes les pratiques qui mettent en lien l’être humain avec son intérieur vont aider à mobiliser en conscience son intention et à la maintenir. Car attention ! L’intention première peut être suivie d’une deuxième qui la sabote : les « mais » qui font faire un demi tour illico presto, le mental qui sabote avec ses croyances passées limitantes et vampirise l’énergie pourtant nécessaire au chemin. Et les tensions arrivent et alourdissent-freinent le pas.
Dès que l’on parvient à sortir de ce schéma frustrant et fatiguant, quand l’on remet son mental à sa juste place, l’intention consciente et fermement maintenue peut cibler le lieu d’arrivée sans se préoccuper du chemin à prendre ni du temps nécessaire pour le parcourir.
L’intention va mettre en marche…
Dans l’intention d’une note, il y a la note dans la tête et l’oreille… et le corps se mobilise pour qu’elle puisse s’exprimer à l’air libre.
Dans l’intention de sons vibratoires, il y a le souvenir des sensations vécues dans son corps lorsque celles-ci nous traversent, et qu’il suffit de commander, pour que le corps se replace et l’accueille.
Dans l’intention de parler à une personne située à 6 mètres, le corps se mobilise instinctivement pour que la voix porte suffisamment pour se faire entendre.
Dans l’intention d’être en forme physique, le mental se met en action pour sélectionner les données pertinentes, l’émotion va stimuler et l’énergie de mouvement destructeur va devenir moins attirante.
Dans l’intention d’avoir une vie plus proche de la nature, le corps d’un coup arrive à saturation des bruits et de la pollution. Le mental est attiré par les petites annonces de maisons à la campagne ou des cours de gi gong dans le jardin en bas de chez soi. Un énervement va aller croissant quant aux moindres détails hier encore anodins.
L’envie, le désir, l’émotion, l’idée sont des intentions.
L’envie d’exister est une intention d’exister vraiment et pleinement. Alors le corps s’arrête pour obliger à la pause si elle n’a pas été entendue. Ou on décide de s’inscrire dans un cours artistique (théâtre, chant, musique etc.). Ou le mental s’intéresse à un livre ou un stage de développement personnel auparavant jugé absurde.
La vie et la voix-voie deviennent un subtil mélange de lâcher prise et d’actes engagés porteurs d’énergie. L’énergie yin danse avec l’énergie yang ! L’intention peut devenir un chant-champ vivant et puissant !
Il y a plusieurs étymologies au mot « intention ». L’une d’entre elles a retenu mon attention : celle qui découle de « intendere, entendre ».
Dès qu’il y a intention, tout se met en route… Dès qu’on entend, tout coule de source…
Faisons chanter notre intention !