Je ne vois pas où vous voulez en venir avec votre question ?
Me répond mon client suite à une question que je viens de lui poser.
Il pense que ma question n’est pas une vraie question. Que j’ai une intention cachée… parce que, moi, Patricia, coach de vie, je sais…
Parfois, avec une seule question, tout peut basculer…
Dynamiques relationnelles inconscientes
Il est vrai que régulièrement, mes clients tentent inconsciemment de me placer dans une posture de conseiller, d’aidant.
« Si je savais comment faire autrement, je ne viendrais pas vous voir !
J’ai beau chercher, je ne trouve pas de solution… vous pouvez m’aider ?
Je ne sais pas… avec l’émoi inconfortable que suscite ce sentiment d’impuissance… »
Et un silence qui semble durer une éternité, s’installe. Il semble appeler mes mots pour soulager… quoi ?
Mon client teste le cadre posé par le coaching
Il pense encore que je sais pour lui, que mon expertise me donne le pouvoir de changer sa vie.
Là, il bute. Il ne peut s’empêcher de penser que j’ai une idée derrière la tête quand je lui ai posé cette question. Une idée qui lui donnerait une piste pour donner la « bonne » réponse. Comme à l’école…
Ma question l’a ébranlé car elle l’invite à penser autrement. Elle a créé un vide de par l’absence de références dans son vécu sur lesquelles s’appuyer. Pas facile à vivre ! Mais pas impossible non plus.
Je reste dans mon centre
Mon client n’a pas besoin d’être ré-conforté mais d’être accompagné dans son cheminement.
Il n’a pas besoin que je lui évite l’inconfortable de ses émotions mais que je les accueille. Que je reste sereine pendant qu’il les traverse.
Il n’a pas besoin que je lui donne des conseils ou des solutions mais de chercher et de trouver les ressources en lui pour trouver ses propres solutions.
Sa question n’attendait pas de réponse
Mon absence de réponse n‘a pas perturbé mon client. Il reprend ses réflexions à voix haute.
Ma question et mon absence de réponse ne l’ont pas troublé : elles n’ont pas arrêté son mouvement intérieur… Bien au contraire !
Parfois cela se passe aussi facilement. D’autres fois, mon client sent poindre la colère devant mon « incompétence », devant mes questions qui « n’ont rien à voir » avec la réalité de son problème. Devant son sentiment d’impuissance à ne pas savoir répondre… Ma question l’a obligé à bouger son angle de vue, ce qui vient perturber son raisonnement.
Dialogue intérieur
J’imagine que chacun.e connait des dialogues intérieurs.
Ceux générés par la résistance à une situation. Où on refait la conversation, on argumente encore même quand l’interlocuteur a disparu de l’environnement. Ceux qui mènent au « pourquoi » ? Pourquoi moi ? Non mais… ??? M’enfin !
Généralement on tourne le problème dans tous les sens mais dans le même espace de réflexion, à savoir dans le problème lui-même. On tourne alors sans jamais s’arrêter.
Le coaching pourrait s’apparenter à un dialogue intérieur dans le sens où, au final, la personne accompagnée dialogue avec elle-même. Avec un intermédiaire : le-la coach.
Cependant, les questions du coach la « ramènent » toujours à elle-même. Même quand elle tente de trouver une échappatoire à son implication dans ses ressentis ou à l’interprétation qu’elle fait d’une situation. Aux décisions pour elle-même qu’elle va devoir prendre. Aux actes qu’elle va devoir poser pour réaliser l’objectif qu’elle a (ou va) fixé elle-même.
Et la grande différence : le coach est en dehors de l’histoire. Il ne tourne pas avec son client. Et ses questions sont parfois tellement inhabituelles, que la personne peut passer par des moments comme celui que je viens de décrire. Le manège s’arrête de tourner.
Perte de repère passagère
Toi qui me lis et si tu souhaites te faire accompagner par un coach de vie, il t’arrivera peut-être de vivre des moments comme celui-ci.
Où tu ne sauras pas quoi répondre ou penser. Des moments qui peuvent entrainer de la peur ou du désarroi. Notre société aime les gens qui sont sûrs d’eux et qui savent ! Tu rencontreras alors ta vulnérabilité ou te sentiras sidéré.e. Là où de multiples pensées occupaient l’espace, le vide s’est invité.
C’est une bonne nouvelle ! C’est signe que tu sors du manège dans lequel tu étais embarqué.e. Ta perte de repère va te pousser à en chercher d’autres qui te ressembleront. Plus proches de tes aspirations profondes et porteurs d’un nouvel élan. Des parties de toi-même que tu n’as pas encore rencontrées feront jour et des ressources insoupçonnées apparaitront.
Insoupçonnées, car avant d’entamer une mission de coaching, tu cherchais des réponses à l’extérieur de toi-même. Depuis le début, elles étaient à l’intérieur.
S’il y a bien une chose que le-la coach fait, c’est de poser des questions qui te (r)appelle à toi-même.
Toi seul.e sait…
Et pour le coach ?
J’ai tout d’abord écrit un article pour la Fédération de coaching-de-vie. La posture du coach n’est pas aisée à garder. Nous sommes des êtres humains et de ce fait, ce genre de situation vient nous bousculer tout autant parfois que la personne accompagnée. Cet article était donc destiné aux coachs de vie, qui pourraient se trouver dans cette situation inconfortable (tout comme moi !).
Il m’a semblé intéressant de le transformer pour mettre en mots cette étape nécessaire et transformatrice pour la personne accompagnée. Si vous êtes intéressés sur le « comment ça se passe à l’intérieur du coach de vie », je vous invite à le lire :
Vos commentaires sont les bienvenus !