Je pensais que j’étais irrécupérable !

S’exclame d’un ton soulagé M. à l’issue de sa mission de coaching.

Puis dans un grand sourire, tout en observant son chemin parcouru, il ajoute :

« Maintenant je sais que j’ai les ressources en moi que je peux utiliser quand j’en ai besoin. »

Quand il a commencé la mission en coaching, il n’était pas bien dans sa vie mais jamais il n’avait évoqué ce sentiment de fatalité. M a 15 ans et a décidé de se faire accompagner en coaching, encouragé par ses parents.

Cette mission d’accompagner un adolescent, j’ai tenu à en partager certains éléments sans rentrer dans les détails pour cause de confidentialité.

Si toi qui me lis, tu es un adolescent ou si tu es parent d’un adolescent vivant une phase difficile, lire ce qui suit t’aidera peut-être à te rappeler qu’il n’y a pas de fatalité !

Toi, parent, si tu fais appel à un coach pour ton adolescent

Le coach s’assurera que la demande vient bien de ton enfant… extrêmement important car le coaching demande d’être acteur dans son parcours !

De fait, le client du coach sera l’adolescent :  s’il souhaite te parler de ce qui se passe en séance, c’est à lui de le faire….

Oui, le coaching peut aider à condition que la personne accompagnée prenne en main son chemin… adolescent ou adulte, c’est la même chose !

Le cheminement de M.

Il y a eu des moments de clarifications nécessaires sur la notion d’autonomie, sur les dynamiques relationnelles, sur les émotions avec les grands silences qui ont suivi la question : que ressens-tu ?

Il m’a fallu trouver un juste équilibre pour maintenir ma posture de coach par rapport aux difficultés de M. à être autonome… ce que vit tout adolescent !

Autant il lui était parfois difficile de se lever pour venir en séance (plus d’une fois, il a voulu arrêter le coaching !) ou de décider de la marche à suivre pour atteindre son objectif, autant dès qu’il était en séance, son intérêt s’éveillait dès que je lui posais une question « intéressante ». Il venait parfois avec l’idée qu’il avait tout compris donc plus rien à réfléchir. Ma question venait dé-ranger ses certitudes ou soulevait son intérêt car il ne se l’était jamais posé ! Combien de fois ai-je entendu : intéressante ta question…

Sa parole pouvait au début d’une séance être rare, pour se libérer dès qu’il commençait à entrevoir une nouvelle piste.

Les outils proposés, il les a vécus comme des exercices ! Comme cela le conduisait à une plus grande compréhension, il les a vécus parfois comme des cours… il apprenait plein de choses sur lui-même !

Comprendre sa dynamique relationnelle, son mode de fonctionnement et se sentir acteur : je peux faire autrement ?  l’a encouragé à faire ses expériences concrètes après chaque prise de conscience avec des résultats qui l’ont étonné !

Voir ses forces et ses qualités s’est avéré primordial ! C’est le cas pour les adultes également… cela prenait un sens encore plus important lorsqu’on est un ado et que l’on se cherche.

Plus il faisait des « expériences » en fonction de ses choix et décisions à l’issue de chaque séance, plus cela changeait son regard sur ses possibles et l’encourageait à oser, à ne plus attendre une demande mais à proposer.

A l’issue de sa mission, il avait des outils à sa disposition, la conscience de ses ressources et l’expérience d’avoir transformé ce qui le faisait souffrir ; important quand on sait que la vie lui présentera d’autres situations qui le déstabiliseront et lui demanderont de se recentrer.

« Je pensais que j’étais irrécupérable » est certainement la pensée que beaucoup d’adolescents doivent avoir à force d’échecs (parce qu’on leur présente comme tel), de difficultés relationnelles quand ils souffrent de ne pas se sentir à la hauteur (de qui ? de quoi ?), d’impression de ne jamais pouvoir s’adapter à ce monde.

Oui, il y a des phases où chacun d’entre nous se cherche, se dé-courage, se voit obligé de bouger ses modes de fonctionnement sous peine de souffrances plus grandes encore. Où l’on doit se recentrer sur son essentiel tant le sel de la vie semble manquer… ces phases sont naturelles car nous sommes tous des êtres en évolution (forces intérieures exploratrices) tout en ayant des difficultés à lâcher prise (forces intérieures conservatrices).

Le sentiment de fatalité, qu’il n’y a pas de solutions, le fait de se sous-estimer n’est pas naturel.  Il est induit.

Alors cessons les comportements jugeant et pyramidaux, les vérités qui deviennent la Vérité, les « c’est comme ça ! », les refus des différences, histoire que la phrase « Maintenant je sais que j’ai les ressources en moi » devienne une évidence pour tous.

Car elle induit que la personne va chercher et se donner les moyens de changer ce qui ne lui convient pas-plus.

N’oublions pas de rappeler aux adolescents, qu’en eux se cachent des pépites et que des expériences sont nécessaires pour les dé-couvrir. Qu’ils peuvent tout autant voir leurs forces que leurs manques.

Bravo à M qui a pris son destin en main et l’a transformé en son chemin agréable à parcourir !

Si toi qui me lis, tu as un.e adolescent.e à la maison ou si tu en côtoies, n’hésite pas à lui donner cet article à lire… peut-être ouvrira-t-il une discussion !

Patricia Verneret

Coach de vie, formatrice, auteure

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